[movimenti.bicocca] Aux marges des mouvements sociaux : les …

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Autor: Tommaso Vitale
Data:  
Para: ML movimenti Bicocca
Asunto: [movimenti.bicocca] Aux marges des mouvements sociaux : les arts de la résistance
Section thématique 8 Appel à communications

Aux marges des mouvements sociaux : les arts de la résistance

http://www.congresafsp2009.fr/

Responsables

Eric Agrikoliansky (Université Paris Dauphine)eric.agrikoliansky@???
Olivier Fillieule (Université de Lausanne)Olivier.Fillieule@???
Nonna Mayer (CNRS au CEVIPOF) nonna.mayer@???

Date limite : 15 octobre 2008
Les propositions de communications sont à envoyer par courriels aux
responsables de la ST.


Les courants devenus dominants dans l’étude des mouvements sociaux ont
circonscrit, et du coup réduit, cet objet à ses formes les plus
organisées et les plus différenciées : des actions protestation
publiques adressées aux autorités et soutenues par des organisations
dotées de porte-parole. Ils ont laissé du même coup dans l’ombre les
formes les plus ordinaires, les plus labiles et les moins visibles, de
protestation.
Chez les historiens, les anthropologues, chez les spécialistes en
science politique, qu’ils s’attachent à des terrains européens ou
extra-européens, les travaux abondent pourtant pour rappeler que la
contestation n’est pas toujours collective et organisée, et qu’elle
prend fréquemment la forme de pratiques ordinaires et individuelles
d’opposition « par le bas » à l’ordre social. James Scott a en
particulier abordé cet « art de la résistance » qui renvoie aux
pratiques quotidiennes de résistance au travail, aux incivilités,
fraudes, sabotages et détournements des moyens de production, mais
aussi à l’émergence d’espaces préservés d’entre soi où peuvent se
déployer des pratiques réprimées par les autorités politiques ou les
élites, ou enfin à la mise en critique de la légitimité des dominants
par l’ironie ou l’art.
Le champ de ces pratiques aux marges des mouvements sociaux est donc
fort large. Leur intérêt pour une analyse des formes protestataires
est double. D’abord, parce que l’étude de ces pratiques de résistance
replace dans le cadre de l’analyse des groupes et des formes d’action
atypiques et dont l’étude gagnerait à être systématisée. Ensuite,
parce que l’observation des arts de la résistance pose la question des
conditions de leur politisation. De quelles façons des pratiques
diffuses de résistance à la domination peuvent-elles faciliter, voire
produire, l’émergence de mouvements sociaux structurés et durables
produisant des revendications formulées en termes politiques ? Dans
quelles conditions, à l’inverse, inhibent-elle le passage à la
protestation collective, par exemple en favorisant des stratégies
individuelles de subsistance et/ou l’accommodation aux systèmes de
domination ?
C’est cette question de l’articulation entre « résistance par le bas »
et protestation collective qui est au centre de ces deux séances de
section thématique.

La résistance dans les milieux populaires hier et aujourd’hui.
Ce thème, très large, renvoie à deux terrains précis.

L’insubordination ouvrière : l’abondante littérature sur le mouvement
ouvrier souligne que l’action collective organisée (sous la forme de
syndicats ou de partis) ne constitue qu’une facette des mobilisations
ouvrières, notamment dans le cadre de l’usine ou de la commune. Le
freinage, le sabotage, la « perruque », la contrebande, constituent
autant de formes alternatives de résistance à la domination économique
ou à la rationalisation du travail en usine. Les communications
portant sur le XXe siècle seront ici privilégiées, en ce qu’elles
permettent de réfléchir aux articulations entre ces formes de
résistance et les modalités de lutte (syndicalisme, grève, action
politique) progressivement institutionnalisées.
Bandes, violences urbaines et contre-culture : Les « bandes » de
jeunes issus des milieux populaires incarnent un idéal type de ces
formes de résistance marquées par une forte sociabilité fondée sur
l’entre soi et une attitude de défiance à l’égard de l’ordre social,
notamment à travers la valorisation de l’illégalisme. La
systématisation de ces illégalismes, voire le développement de
violences visant les autorités (police, collectivités locales) qui
prennent la forme « d’émeutes urbaines », constitue un premier terrain
d’étude. L’émergence de formes culturelles alternatives, appuyées sur
des styles musicaux (du punk au rap) ou des styles vestimentaires
spécifiques, constitue également un terrain d’investigation pertinent.
La résistance dans les sociétés ou les organisations autoritaires : un
second grand terrain d’étude des arts de la résistance est celui des
systèmes politiques autoritaires, dans lesquels l’action collective
protestataire est difficile ou impossible. Dans ce cas, la résistance
par le bas constitue une alternative privilégiée à la contestation.
Les exemples envisageables sont potentiellement nombreux et
diversifiés : pays de l’Est, sociétés musulmanes, pays africains, ou
d’Asie du Sud Est mais aussi les formes étudiées par les historiens de
protestations populaires dans les monarchies d’Ancien régime (on pense
notamment à la France ou à la Russie prérévolutionnaires), ou encore,
les modalités de contestation dans les organisations fortement
hiérarchisées comme l’armée (on pense aux mutineries en tant de
guerre). Là encore la question centrale posée par une ou deux
communications de synthèse des travaux existants et par des
communications de jeunes chercheurs devra être celle des liens entre
résistance quotidienne, transformations du régime et processus
révolutionnaires.

D’une manière générale, seront particulièrement appréciées, les
contributions :

qui portent sur le rôle des femmes, souvent absentes des études
consacrées aux mouvements sociaux institutionnalisés, dans ces formes
de résistances quotidiennes à l’autorité ou à la domination économique
qui intègrent en plus de l’étude des formes d’action celle des
registres discursifs et culturels de la résistance (humour,
plaisanterie, littérature, musiques, pratiques religieuses, etc.).