[movimenti.bicocca] DES DISCOURS AUX EFFETS DE LA COMMUNICAT…

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Author: Tommaso Vitale
Date:  
To: ML movimenti Bicocca
Subject: [movimenti.bicocca] DES DISCOURS AUX EFFETS DE LA COMMUNICATION EN DEMOCRATIE : PRATIQUES ET ENJEUX DU POLITIQUE
DES DISCOURS AUX EFFETS DE LA COMMUNICATION EN DEMOCRATIE : PRATIQUES ET
ENJEUX DU POLITIQUE
Journée d’étude de l’école doctorale de science politique de Paris 1
Paris, 21 septembre 2007
Amphithéâtre Gestion, La Sorbonne, 14 rue Cujas.
PROGRAMME
8h45 : Accueil des participants
9h : Ouverture par Frédérique Matonti, Directrice du département de
Science
politique, Paris 1 Panthéon-Sorbonne
9h15 - 10h30 : « Les discours sur la société de communication »
Discutants : Erik Neveu (CRAPE, IEP de Rennes) et Olivier Mauco (CRPS -
Paris I)
La fin d’une évidence partagée ? Politisation et luttes
institutionnelles
autour de la communication de l’UE
Philippe Aldrin, MCF & Jean-Michel Utard, MCF, (GSPE - Strasbourg III)
« La forme, c’est le fond ». Le journalisme de presse écrite pris
dans le
discours communicationnel
Nicolas Hubé, MCF, CRPS - Paris I
10h30 - 10h45 : Pause
10h45 - 12h45 : « Les règles du champ politique reconfigurées par la
communication ? »
Discutants : Jacques Gerstlé (CRPS - Paris I) et Ludivine
Vanthournout (CRPS
- Paris I)
La loi à l’épreuve de la communication. Le cas de la mise en place des
Centres éducatifs fermés et de la Justice de proximité.
Carole Thomas, Doctorante, ISP-GAPP - ENS Cachan
L’effet des cotes de popularité sur la structuration de la communication
publique des acteurs politiques
Philippe Juhem, MCF, GSPE - Strasbourg III
Diversification des méthodes et outils de communication locaux et
dualisation tendancielle de l’espace politique local
Cégolène Frisque, MCF, CENS - Nantes
12h45 - 14h30 : Pause déjeuner
14h30 - 17h15 : « Le renouvellement des relations citoyens -
politiques »
Discutants : Brigitte Le Grignou (IRISES, Paris Dauphine) et Sébastien
Poulain (CRPS - Paris I)
Dynamiques et impacts des propositions politiques dans les webforums
partisans
Nicolas Desquinabo, Docteur, Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3
Une parole sans écho ? Incidences directes et indirectes des forums
électroniques municipaux sur l’action publique locale
Stéphanie Wojcik, Docteur, Assistante de recherche FNSP-CEVIPOF pour le
réseau d’excellence européen DEMO-net
15h45 - 16h00 : Pause
Négocier sa place dans un espace public en formation. Les talk shows
interactifs comme vecteurs de légitimation au Kenya et Ouganda
Florence Brisset-Foucault, doctorante, CRPS - Paris 1 Prise de parole
citoyenne a priori improbable et différenciation des rapports au
politique :
l’exemple d’une lettre de jeunes de milieux populaires au Président
de la
République
Lorenzo Barrault, allocataire - moniteur, CRPS - Paris 1
17h15 : Clôture par Cyrille Thiébaut (CRPS-Paris I)
17h30 : Cocktail
________________________________________
Comité d’organisation :
Paul Antropius (doctorant, CRPS, Paris I), Olivier Mauco (doctorant,
CRPS,
Paris I), Sébastien Poulain (doctorant, CRPS, Paris I), Cyrille Thiébaut
(doctorante, CRPS, Paris I), Ludivine Vanthournout (doctorante, CRPS,
Paris
I).
Comité scientifique :
Loïc Blondiaux (CERAPS, Lille II), Dominique Cardon (CEMS, EHESS), Eric
Darras (LaSSP, IEP de Toulouse), Sandrine Lévêque (CRPS, Paris I). Paul
Antropius (doctorant, CRPS, Paris I), Olivier Mauco (doctorant, CRPS,
Paris
I), Sébastien Poulain (doctorant, CRPS, Paris I), Cyrille Thiébaut
(doctorante, CRPS, Paris I), Ludivine Vanthournout (doctorante, CRPS,
Paris
I).
Contact : jed2007Paris1@???
________________________________________
RESUMES - INTERVENANTS
Philippe Aldrin & Jean-Michel Utard (GSPE - Strasbourg III)
La fin d’une évidence partagée ? Politisation et luttes
institutionnelles
autour de la communication de l’UE
RESUME
L’obsession des responsables de la Commission européenne pour la
politique
d’information et de communication de « l’Europe » tente de résoudre le «
déficit démocratique » de celle-ci. Dès après la difficile
ratification du
traité de Maastricht, diverses réponses ont été mises en oeuvre pour
combler
ce « déficit ». À chaque désaveu de l’opinion, les responsables de la
Commission ont sollicité l’expertise des professionnels de la
communication
et du marketing, jugés les mieux à même de trouver les remèdes à la trop
faible affection des peuples des Etats membres pour les institutions du
pouvoir européen. Progressivement, « l’UE » se dote d’un style et de
dispositifs de communication directement empruntés à la communication
d’entreprise. Prenant acte de l’absence d’un espace public et médiatique
proprement européen, la Commission élabore une politique de
communication
témoignant d’une nouvelle conception du l’espace public, de la
citoyenneté,
des relations gouvernants-gouvernés et donc, finalement, de la
démocratie
qui la sous-tend. Convoquant à la fois les expériences de la démocratie
participative et les discours sociaux en cours sur la « société de
l’information », cette politique de communication constitue
aujourd’hui l’un
des piliers de la « gouvernance » européenne. Conçue en 2001, celle-ci
combine trois logiques : 1) celle de l’univers du pouvoir et de la
représentation politiques (marquée par l’impératif de publicité et la
quête
de légitimité) ; 2) celle des professionnels de la communication
(empreinte
de divers discours - théories, expertises, mythes - sur l’efficacité
de la
communication) ; 3) celle de l’avènement de la « société de
l’information »
comme prisme d’analyse sociétale et cadre de référence s’imposant à
l’action
publique. En examinant les ressorts de ce discours « communicationnel
» et
en inventoriant les dispositifs d’information et de débat qu’il a
contribué
à produire, cette communication se propose d’éclairer comment
l’invention de
cet appareil communicationnel subvertit les rapports gouvernants-
gouvernés -
et donc les principes d’incarnation du pouvoir - dans un horizon
politique
multi-niveaux. The End of a Shared Evidence ? Politisation and
Institutional
Struggles about UE Communication
SUMMARY
The European Commission officers’ obsession for the information and
communication policy of ‘Europe’ tries to solve its ‘democratic
deficit’.
Shortly after the difficult ratification of the Maastricht Treaty,
different
answers have been developed to make up for this ‘deficit’. With every
denial
of the public opinion, the Commission’s officers called upon the
evaluation
of spin doctors and marketing professionals, said to be the most
efficient
people to find a cure against the indifference of the member States’
peoples
regarding the institutions of the European authorities.
Progressively, the
‘EU’ adopts a style and communication schemes directly borrowed from
business communication. Taking into consideration the non existence of a
strictly European, public and media-related area, the Commission
created a
communication policy which showed a new conception of the public area,
citizenship, relationships between the authorities and the people and
thus,
finally, of the democracy that underlies it. Gathering both
participatory
democracy experiences and ongoing social discourses on ‘information
society’, this communication policy is nowadays one of the
cornerstones of
European ‘governance’. Created in 2001, this policy combines three main
lines : 1. the line of the world of political authorities and
representation
(emphasised by the imperative of advertising and the quest for
legitimacy) ;
2. the spin doctors’ line (tinged with different discourses - theories,
evaluations, myths - on the efficiency of communication) ; 3. the
line of
the coming of the ‘information society’ as a societal analysis prism and
base framework setting itself to public action. By examining the
drives of
this ‘communicational’ discourse and by listing the information and
debates
schemes that it contributed to produce, this communication intends to
shed
light on how the invention of this communicational machinery
sabotages the
relationships between the authorities and the people - and thus the
principles of the incarnation of power - in a multi-level political
horizon.
Philippe Aldrin, maître de conférences en sociologie à l’Université
Robert-Schuman (Strasbourg III), consacre ses recherches à la
sociologie de
l’information et des institutions politiques : « S’accommoder du
politique.
Économie et pratiques de l’information politique », Politix, XVI-64,
2003 ;
Sociologie politique des rumeurs, PUF, 2005, « Si près, si loin du
politique. L’univers professionnel des permanents socialistes à
l’épreuve de
la managérialisation » (à paraître 2007).
Jean-Michel Utard, maître de conférences (HDR) en sciences de
l’information
et de la communication à l’Université Robert-Schuman (Strasbourg III),
consacre ses recherches à la production du discours de l’information
médiatique. « Le journal télévisé franco-allemand de la chaîne Arte : la
rencontre de deux journalismes », in Colette Brin, Jean Charron et
Jean de
Bonville (dir.), Nature et transformation du journalisme : théorie et
recherches empiriques, Presses de l’Université Laval, 2005 ; Le
journalisme
en invention. Nouvelles pratiques, nouveaux acteurs, Roselyne Ringoot et
Jean-Michel Utard (dir.), Presses universitaires de Rennes, 2005.
Chercheurs au Groupe de sociologie politique européenne (CNRS-UMR 7012/
Sciences Po Strasbourg), les auteurs y animent un séminaire de recherche
intitulé « La production de l’espace public européen » et consacré à
l’analyse des usages politiques et scientifiques du concept d’espace
public
dans le jeu politique européen.
Nicolas Hubé (CRPS - Paris 1)
« La forme, c’est le fond » Le journalisme de presse écrite pris dans le
discours communicationnel
RESUME
Depuis 1989 et les « nouvelles formules » du Parisien et du Monde, la
presse
quotidienne nationale française multiplie les rénovations graphiques. Au
cours des années 1990, pratiquement tous les journaux de PQN ont
procédé à
une révision de leur maquette : Le Parisien en 1989, Libération en 1994,
1996 et 2003, Le Monde en 1989, 1995, 2002 et 2005 Le Figaro en 1999
et en
2005 ; La Croix et La Tribune en 2006. La presse quotidienne
régionale n’est
pas en reste : L’Alsace modifie sa maquette en 1992 et en 2000 ; Le
Progrès
en 2005. En soi, pourtant, une nouvelle formule n’est pas quelque chose
d’inédit. Les journaux procèdent régulièrement à des ajustements
graphiques,
à des créations ou transformations de rubriques, à l’introduction de la
photographie ou de la couleur, profitant souvent d’une actualité «
extraordinaire » pour essayer de nouveaux effets. Désormais, ces «
adaptations » ne répondent plus à une « impératif technique » - le
changement de rotatives était souvent l’occasion d’une adaptation du
format
- mais sont réalisées dans un but stratégique : gagner des nouveaux
lecteurs. Ce n’est qu’à partir de ces réformes que la première page d’un
quotidien devient, en France, la « Une », véritable vitrine du journal,
chargée « d’attirer le lecteur » par sa diversité, par le choix des
photos
ou des illustrations, par des titres plus courts. La « Une » apporte
désormais une « valeur ajoutée » à la qualité du journal. « La forme,
c’est
le fond » explique la direction de la rédaction du Monde en 1996 dans un
document interne relatif à sa « nouvelle formule ». Ce discours sur la «
forme » s’inscrit dans une analyse de la crise de la presse quotidienne
contrainte de s’adapter à la « société de communication ». Pour les
rédactions, il convient de s’adapter à la concurrence des autres
médias. Un
point récurrent concerne la vitesse et la superficialité due à la
présence
de la télévision et d’Internet. Dans le même temps, les journalistes
insistent sur les apports propres de la presse écrite. Face aux
évolutions
de la société et ses avancées technologiques déterminantes, la presse
écrite
ne peut se démarquer que par ses apports en termes de sujets,
d’écriture de
presse. Les changements de forme pour attirer de nouveaux lecteurs
doivent
alors chercher à gagner des lecteurs « au fond ». Ce discours sur la «
société de communication » s’impose d’autant plus facilement dans les
années
quatre-vingt dix que les journaux sont pour une part importante
d’entre eux
dans des situations économiques fragiles. Pour faire face à la crise,
ils
font appel à deux groupes de professionnels qui vont amener avec eux ce
discours : des managers de presse et des professionnels du graphisme.
Cette
communication se propose donc de revenir sur cette transformation du
journalisme de presse écrite. On s’intéressera dans un premier temps au
discours produit autour des « nouvelles formules »
en particulier des « Unes » - adaptées aux nouveaux modes de
communication avant d’observer, dans un second temps, les
transformations
morphologiques des rédactions et les caractéristiques sociographiques
des
acteurs porteurs d’un tel discours.
“Form makes content” The print media and the discourse of the
communication
society
SUMMARY
Since 1989 and the relaunch of Le Parisien and Le Monde, the French
national
daily press multiplies graphic renovations. During 1990’s, all national
newspapers proceeded to a relaunch of their Form, in particular of their
frontpage : Le Parisien in 1989, Liberation in 1994, 1996 and 2003,
Le Monde
in 1989, 1995, 2002 and 2005 ; Le Figaro in 1999 and in 2005 ; La
Croix and
La Tribune in 2006. The regional daily press did the same : L’Alsace
modified its form in 1992 and in 2000 ; Le Progrès in 2005. A priori
relaunches are not something rare. Newspapers proceed regularly to
graphic
adaptations, to creations or conversions of columns, to introduction
of the
photography or of the colours. They often take advantage of
“extraordinary”
events to try new effects. But these “adaptations” do not answer any
more in
one “technical imperative” like the change of rotary presses. These
relaunches are done in a strategic way, in order to win new readers.
From
now on, the front page get a commercial rule and become the real “shop
window” of the newspaper, charged “to attract the reader” by its
variety, by
the choice of photos or illustrations, by shorter titles. The frontpage
brings henceforth an “added value” to the quality of the newspaper.
“Form
makes content” explains the editorial staff of Le Monde in 1996 in an
internal document. This new discourse is part of the analysis on the
reason
of the daily press crisis, forced to adapt itself to the “society of
communication”. For editorial staffs, it is a crucial “necessity” to
adapt
itself to the competition of the other media. A recurring point
concerns the
speed of news due to the presence of the television and Internet. At the
same time, the journalists insist on the appropriate contributions of
print
media. If they want to face the evolutions of these new media and their
determining technological discourse, the print media can only make
differences by their own writing contributions. The relaunches are
done in
order to get new readers : form should bring new buyers ; content should
convince them to be new readers. This discourse is part of whom of the
“communication society”. This discourse is even successful than during
1990’s the newspapers are in extreme fragile economic situations. To
face
the crisis, they appeal two groups of professionals who will spread this
discourse : managers and graphic designers. This communication suggests
analysing this transformation of the print media journalism. We shall be
interested, at first, in this necessity discourse of relaunches before
observing, in a second time, the morphological transformations of the
editorial staffs and their sociological characteristics.
Nicolas Hubé, Post-doctorant à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne,
membre du CRPS et du GSPE-PRISME. Il a effectué une thèse intitulée :
Qu’est-ce que l’actualité « politique » ? Pour une analyse de la
hiérarchisation de l’information. Regards croisés sur les « Unes » de la
presse quotidienne française et allemande, thèse de science politique
sous
les directions de J.-B. Legavre / Nils Diederich, U. Robert Schuman
Strasbourg / Freie Universität Berlin. Un ouvrage issu de la thèse est à
paraître au premier semestre 2007 aux Presses Universitaires de
Strasbourg,
intitulé Décrocher la Une. Plusieurs articles abordant ces thèmes
sont déjà
parus : « La conférence de rédaction du Monde. Une approche
ethnographique
de l’élaboration de la “Une” », in Legavre (J.-B.) dir., La presse
écrite :
objets délaissés, Paris, L’Harmattan, 2004, p. 191-210 ; « Le savant, le
politique... et la télévision. Le travail journalistique au prisme du
regard
scientifique », Revue d’Allemagne et des Pays de langue allemande, 1,
2005,
p. 115-130. Avec Kaciaf (N.), « Les pages “Société”... ou les pages
“Politique” en creux. Retour sur des conflits de bon voisinage », in
Chupin
(I.), Nollet (J.), dir., Les frontières journalistiques, coll. Cahiers
politiques, Paris, L’Harmattan, 2006
Carole Thomas (ISP-GAPP - ENS Cachan)
La loi à l’épreuve de la communication
RESUME
L’enfermement dans un établissement de Justice répond à des conditions
juridiques strictes, à plus forte raison pour un enfant : il doit être
prononcé à l’issue d’un procès, en présence d’un avocat, doit pouvoir
faire
l’objet d’un appel. En 2002, la loi d’orientation et de programmation
de la
Justice crée pour les mineurs délinquants des centres éducatifs
fermés (CEF)
qui, pour toutes ces raisons, ne peuvent être réellement fermés.
Pourtant,
le terme « fermé » est devenu incontournable pour les acteurs
politiques,
car annoncé lors de la campagne présidentielle axée sur le thème de
l’insécurité. Parallèlement, cette loi instaure une justice de
proximité,
autre priorité présidentielle visant à « rapprocher la Justice des
citoyens
». Les journalistes, informés par les professionnels de la Justice,
relèvent
rapidement le hiatus entre l’annonce et les dispositifs mis en place,
remettant en cause la labellisation des centres fermés lors des
premières
fugues et soulignant le paradoxe d’une justice de proximité rendue
par des
non magistrats dans des tribunaux « classiques ». Si les deux objets
sont
très différents, la similarité des enjeux de communication, qui
explique en
partie leur rapprochement dans une même loi, rend la comparaison très
riche
pour comprendre comment les représentations portées dans les médias
contribuent et orientent la définition de politiques symboliques. La
médiatisation de cette loi crée un double paradoxe. D’un côté les
sources
dominantes assurent, comme on peut s’y attendre, le cadrage de la
définition
du problème au travers, notamment, de la question du choix des mots
de la
loi - « fermé » et « proximité ». Dans le même temps, ce cadrage devient
finalement un système d’étalonnage pour les médias qui permet aux
journalistes de prendre les communicants au mot pour démontrer les
incohérences des dispositifs. L’autre paradoxe vient de ce que, en usant
d’un registre critique la plupart des médias vont oeuvrer dans le
sens d’un
durcissement de la loi pour les mineurs et d’un élargissement des
compétences des nouveaux juges pour la Justice de proximité alors
qu’ils ne
le souhaitent pas. Le matériau empirique de cette recherche est
principalement constitué d’un corpus médias (presse écrite et
audiovisuelle)
analysé avec le logiciel Alceste pour la presse et qualitativement pour
l’audiovisuel ainsi que des propos d’acteurs (journalistes, communicants
politiques, parlementaires, syndicats).
Law confronted by communication
SUMMARY
In 2002, after French presidential elections in which the problem of
crime
was a central issue, a new crime law created “closed centres” for young
multiple offenders. However, these centres could not be really closed
because confinement in the French legal system implies strict legal
conditions with procedural guarantees for juvenile delinquents.
Politicians
deliberately used the word “closed” because the term had become such an
important theme of the election campaign. At the same time, the new law
instituted “proximity justice” as far as it was another presidential
promise
whose aim was to make “Justice closer to citizens”. Soon after,
journalists
were alerted by justice professionals about the gap between what the new
policy predicted and what actually happened. Consequently the media
called
into question the validity of labelling these centres “closed” when
young
offenders could escape from them. They also underlined the paradox
constituted by a “proximity justice” dispensed by non professional
judges in
“classical” courts. Although the two parts of the law are very
different,
the communication stakes that they raise, which partially explains
why we
find them in the same law, are similar. It is thus interesting to
compare
them to understand how the representations supported by the media
contribute
and guide the definition of symbolic policies. The media coverage of
the law
creates a double paradox : The first is that the prevailing sources,
as we
can expect, provide the framework of the problem especially with the
choice
of words such as “closed” and “proximity”. But, at the same time, this
strong framework became the tool for journalists to evaluate the law and
argue about it, in a way that took the politicians communication
staff at
their word. The other paradox is that by denouncing the shortcomings
of the
law, the media coverage contributed to subsequent modifications of
the law
that journalists did not really want to see enacted. This research is
based
on media corpus analysis (mainly newspapers and television) using the
statistical software “Alceste” to analyse newspapers coverage, and a
qualitative analysis of television. It’s also based on interviews with
journalists, communication professionals, politics, justice
professionals
and trade union leaders involved in the process.
Carole Thomas est doctorante à l’Institut des Sciences Sociales du
Politique
(ISP/ENS Cachan), et prépare une thèse sur l’articulation des
processus de
communication et de production de la loi.
Principales publications :
Carole Thomas, 2006. "Une catégorie politique à l’épreuve du
juridique : "la
fermeture juridique" dans la loi Perben I.", Droit et société N°63/64.
Carole Thomas, 2007. "Journalistes cherchent "bon communicant".
L’exemple
des rubricards Justice." in Les publics des journalistes, sous la
direction
de Pascal Dauvin et Jean-Baptiste Legavre. Paris, La dispute. A
paraître.
Principales communications Carole Thomas, « Quand les mots de la loi
changent les mots du droit », in Réseau Sociologie du droit et de la
Justice
(RTF 13), 2ème Congrès de l’Association française de sociologie,
Bordeaux,
septembre 2006. Carole Thomas « Les médias contre la loi : de l’idéal
démocratique à l’idéal professionnel », in Atelier 2 « Le rôle des
médias et
de la communication dans les dynamiques sociopolitiques des pays
libéraux »,
2ème congrès international des Associations francophones de science
politique, Laval, Québec, mai 2006. Carole Thomas, « La « proximité »
prise
au mot : du discours institutionnel au discours médiatique » in Journée
d’études « Discours social. Regards interdisciplinaire sur une notion
problématique », Université Charles de Gaulle- Lille 3/GERRICO/GRAM-
SFSIC,
Lille, juin 2007.
Cégolène Frisque (CENS - Nantes)
Diversification des méthodes et outils de communication locaux et
dualisation tendancielle de l’espace politique local
RESUME
Cette étude porte sur l’emploi croissant, par les collectivités
territoriales, de nouveaux outils et méthodes de communication et
vise à en
saisir les modalités, l’ampleur et les effets. Elle part d’un double
constat
: le recours à des techniques de communication de plus en plus
sophistiquées
par les dirigeants locaux dans leurs relations avec la presse, et la
multiplication des supports de communication hybrides, désagrégeant les
frontières mêmes entre médias et source, et donc entre information et
communication institutionnelle. Il s’agit ici à la fois d’affiner ces
constats à partir d’une enquête localisée (sur la Loire Atlantique et la
Vendée, prenant en compte les différents niveaux territoriaux et
l’ensemble
des supports, magazines institutionnels, suppléments gratuits
encartés dans
les journaux, télévisions locales, sites internet...), et d’en
appréhender
de manière sociologique les enjeux et les effets, sans céder à la
déploration normative du brouillage de frontières hypostasiées, mais en
prenant la mesure des transformations structurelles des rapports entre
médias et pouvoirs locaux et plus généralement entre journalistes et
sources, que cela induit. En contrepoint, on peut souligner le
développement
des médias alternatifs locaux, qui permettent un contact direct entre
les
sources non institutionnelles ou dissidentes et leur lectorat potentiel,
grâce à internet en particulier. Ces différents phénomènes
contribuent d’un
côté à renforcer l’interdépendance entre journaux et élus ou pouvoirs
locaux, à accentuer la clôture de l’espace local et la dichotomie des
acteurs politiques - entre pouvoirs « dominants » ayant un accès
automatique
aux médias et même un rôle de diffuseurs directs ; groupes «
prétendants »
ayant un accès limité et conditionné aux médias, et groupes « dominés
» ou «
marginaux », quasiment exclus des titres grand public et
s’investissant dans
des médias alternatifs peu visibles. Cette dualisation de l’espace
politique
local s’accompagne d’une tendance accrue à la « naturalisation des
institutions » par les médias, consistant à les considérer comme des
acteurs
incontournables voire uniques, incontestables voire porteurs d’une
parole
indubitable et autosuffisante. Cette tendance peut être plus ou moins
marquée selon les titres, allant de la révérence au fétichisme, et
contrebalancée par l’accès accru à des médias alternatifs ou
contestataires.
Diversification of local communication methods and media, and increasing
dualism of local political arena
SUMMARY
This paper is about the increasing use of new tools and methods of
communication by the local authorities. It aims at understanding its
ways
and means, its scope and its consequences. It starts from two
observations :
the local political leaders resort to more and more sophisticated
techniques
of communication in their relations with the press, and the increase of
hybrid media of communication, that break up the very bounds between
media
and sources, and then between information and institutional
communication.
The point is to sharpen this observations, basing on a local study (in
Vendée and Loire Atlantique, including every territorial level and
each kind
of media, institutionnal magazines, free supplements inserted in
newspapers,
local TV channels, Web sites...). It aims at comprehending
sociologically
their issues and results, avoiding the normative regret of the
confusion of
“fetished” frontiers, but assessing the structural change in the
relationships between media and local authorities and more generally
between
journalists and sources, that it may bring about. Currently, we may
stress
out the development of local alternative, which make possible a direct
contact between non-institutional or rebel news sources and their
prospective readership, through Internet particularly. These
phenomena take
part in the strengthening of the interdependence between newspapers and
local powers, of the closure of the political arena, and of the
establishment of a dichotomy of the political players - stressing the
difference between “dominant powers”, who have an automatic access to
the
media and even a role of direct broadcaster, “pretender groups” who
have a
limited and conditional access to the media, and minor or “dominated”
groups, quite excluded from the wide audience media and investing in
their
own small alternative media. This dualism of the local political
arena goes
with a propensity of the media to naturalise institutions. In fact, they
tend to consider official rulers as essential and even sole
protagonists, as
undisputable sources, which discourses are beyond doubt and dispute, and
newsworthy by itself. This tendency may be stronger or weaker among
newspapers, going from reverence to fetishism, and balanced by an
increasing
access to alternative media.
Cégolène Frisque est maître de conférences en sociologie, Université de
Nantes (IUT de la Roche sur Yon, département Gestion des entreprises
et des
administrations) et chercheuse au Centre nantais de sociologie (CENS)
associée au CRAPE (Rennes). Ouvrages Des manières d’être journaliste. La
variété des pratiques et des rapports au métier dans la presse
quotidienne
régionale, à paraître aux Presses Universitaires de Rennes (coll. « Res
Publica »). L’activité journalistique au quotidien : Travail
relationnel,
identitaire et rédactionnel des journalistes de la presse quotidienne
régionale, thèse pour le doctorat de science politique, sous la
direction de
Michel Dobry, Paris-X Nanterre, 2002, 941 p. L’objet Femme, préface de
Jacques Commaille, Paris : La Documentation Française (Coll. « Droits
des
Femmes »), 1998, 150 p. Articles, communications et séminaires sur le
journalisme « Genre, journalisme et presse écrite. Place et
production des
femmes et des hommes dans la presse », co-organisation d’un colloque
international du CRAPE, à l’IEP de Rennes, 10-11 avril 2008. « La
contribution des journalistes à la construction de l’espace politique
local
», Table-ronde du congrès de l’AFSP « La médiatisation du politique »
(Toulouse, 5-7septembre 2007). « Des militants au quotidien ? La posture
critique des journalistes comme engagement militant dans l’activité
professionnelle », Journée d’étude « Journalistes et militants »,
Rennes,
CRAPE, 7 décembre 2006 (proposé pour publication collective). «
Pratiques du
journalisme par les femmes et modes de traitement de l’information »,
communication au séminaire du CRAPE sur le journalisme (Lannion), 11
avril
2003. « L’image des femmes dans la publicité », communication à une
conférence-débat sur les violences envers les femmes (Nantes), avril
2002. «
Femmes secourables, femmes militantes, dans deux magazines féminins
», Mots
(numéro spécial « L’Humanitaire en discours »), n°65, mars 2001, pp.
51-75.
« La sociologie anglo-saxonne du journalisme », communication au
séminaire
du LASP (Nanterre), juin 1995.
Nicolas Desquinabo Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3
Dynamiques et impacts des propositions politiques dans les webforums
partisans
RESUME
A partir d’une conception dynamique et interactionnelle de l’opinion
publique (Zaller, 1992 ; Fishkin, 1995), nous avons étudié les
discussions
de propositions de politique publique (lois, budgets, fiscalité, etc.)
produites sur les webforums partisans. Notre objectif était
d’explorer les
dynamiques d’élaboration et de soutien des propositions citoyennes et
les
corrélations entre ces dynamiques et la précision des programmes
présidentiels. Notre étude s’est déroulée en trois étapes. Nous avons
sélectionné de manière aléatoire un premier corpus de « fils de
discussions
» dans les trois webforums partisans les plus actifs : UDF, Jeunes
populaires (UMP) et Désirs d’avenir (PS). Cette première étape nous a
permis
de situer quantitativement les « discussions de propositions » parmi les
différents types d’interactions observés (débats sur les valeurs,
pronostics, polémiques internes ou externes, etc.). Dans un second
temps,
nous avons analysé plus en détail un échantillon aléatoire de fils de «
discussions de propositions » d’environ 150 messages par site. Enfin,
nous
avons sélectionné deux fils par site abordant une proposition qui a
été par
la suite modifiée ou précisée par le candidat. Ces trois corpus ont été
analysés à l’aide de cinq ensembles de variables permettant de
décrire les
dynamiques manifestes des propositions et les registres argumentatifs
utilisés :
les tailles et participations des fils,
les « identités » annoncées par les participants,
les contenus plus ou moins détaillés des propositions,
les contenus plus ou moins approuvés et/ou critiqués de ces
propositions,
le contenu et le type (comparaison, évaluation, explication, etc.) des
arguments convoqués pour débattre. Cette analyse nous a permis de
distinguer
les propositions selon leur degré d’élaboration, selon le degré de
participation à leur discussion et selon le degré de polarisation des
débats
associés. Nous avons complété cette analyse par un relevé quantitatif
des
lectures et des « notes d’intérêt » attribuées aux messages de notre
corpus.
Enfin, les élaborations de propositions étudiées ont été comparées aux
précisions progressives des programmes rendues publiques par les
candidats,
afin de relever d’éventuelles corrélations. Nos premiers résultats
montrent
des différences importantes entre partis et entre thématiques.
Dynamics and
impacts of policy proposals in political parties online fora
SUMMARY
This research is based on a dynamic and interactive conception of public
opinion (Zaller, 1992 ; Fishkin, 1995) and deals with process of
influence
in French political party forums. Focusing on policy proposals (laws,
public
investments, taxes, etc.), we studied the dynamics of citizens
proposals and
the correlation between these dynamics and the elaborations of
candidates
programs. To estimate the proportion of “proposals debates” among the
other
types of interactions (values debates, prognostics, disputes, etc.), we
first analysed a random sample of computer-mediated interactions
selected in
the three most important political party web forums : UDF, “Jeunes
Populaires” (UMP) and “Désirs d’avenir” (PS). Second, we analysed more
precisely a random 12 sample of around 150 messages of “proposal
debates”
per sites. Then, we selected two online interactions talking about a
candidate proposal that have been changed or specified. These three
corpora
have been analyzed with five kinds of tools describing the manifest
dynamics
of proposals and the arguments used to legitimate them :
the size and amount of participants of the interactions,
the “identities” announced by participants,
the more or less detailed contents of proposals,
the contents more or less approved or criticized,
the content and type (comparison, evaluation, causality, etc.) of the
arguments used in these “proposal debates”. This analysis allowed us to
distinguish proposals according to their degree of precision, to the
amount
of participants discussing them and to the degree of polarization of
their
discussions. We have completed this analysis by an estimation of the
number
of readers and of the interest rates given to the different messages. We
then compared the citizens’ proposals elaborations to the candidates’
proposals elaborations in order to find possible correlations. Our first
results reveal important differences between political parties and
between
topics.
Nicolas Desquinabo est docteur en sciences de l’information et de la
communication à l’Université Sorbonne Nouvelle
Paris III.
Publications récentes :
« Indices génériques et interprétation des actes de parole dans un
corpus
d’émissions de plateaux télévisées ». 24 p. Corpus n°6. (2007). A
paraître.
« Analyse des co-constructions de rôles discursifs émergents dans les
émissions de plateaux télévisées : visées manifestes et enjeux
professionnels ». Revue Internationale de Psychosociologie n°29. pp.
91-108.
(2007). « Modèle théorique des genres, régularités des discours
télévisés et
de leur réception » ; dans Questionner les pratiques d’information et de
communication. Actes du 15è congrès de la SFSIC. Université de Bordeaux,
10-12 mai 2006. pp. 227-235. (2006). Communications récentes : «
Manifestations et dynamiques de l’opinion publique dans les webforums
partisans ». Colloque International du Ceccopop « La communication
politique
des présidentielles de 2007 : premier bilan », à Paris 1, 1er et 2 juin
2007. « Interactions et argumentations dans les webforums partisans ».
Colloque IRENEE - Université Nancy 2 « Les usages partisans de
l’internet »,
21-22 juin 2007. « Normes contractuelles et réceptions des genres
interlocutifs télévisés ». 2ème Colloque international « Psychologie
Sociale
de la Communication », Université de Bourgogne, 22-23 juin 2007. 13
Stéphanie Wojcik (FNSP-CEVIPOF pour le réseau d’excellence européen
DEMO-net)
Une parole sans écho ? Incidences directes et indirectes des forums
électroniques municipaux sur l’action publique locale
RESUME
Il est relativement exceptionnel que les dispositifs participatifs et
délibératifs aient directement et explicitement un lien avec la décision
publique. Dès lors, la question de savoir si un dispositif récent - les
forums de discussion proposés sur les sites Internet des municipalités -
influence le processus décisionnel local pourrait conduire d’emblée à
poser
une hypothèse déceptive : les forums n’auraient aucun impact sur la
décision
des autorités politiques locales. Nous examinons la réalité d’une telle
assertion à partir de l’observation effectuée depuis 2002 de forums de
plusieurs villes françaises. Dans un premier temps, seront évoqués les
éventuels obstacles à une articulation entre discussion électronique et
décision publique, par exemple, la préférence des élus pour les
débats en
face-à-face et leur représentation du forum ou encore le caractère peu
représentatif des propositions ou revendications postées sur les
forums de
discussion. Toutefois, d’autres facteurs semblent plaider pour
l’appréhension de modes indirects d’influence du forum sur l’action
publique
locale. Par exemple, le forum peut être une ressource pour
l’expression et
l’organisation de la contestation. De plus, l’alliance entre la
publicité,
même restreinte, des discussions et leur caractère écrit pourrait
nouer un
lien entre la notion d’opinion publique et la fonction ancienne de
contrôle
des gouvernants par les gouvernés. Cette spécificité du forum
électronique
ne pourrait-elle pas, en partie, influer sur l’action publique, en
contraignant les responsables politiques à être effectivement en
adéquation
avec les propos qu’ils auraient publiquement tenus sur le forum de leur
ville ? A talk without echo ? Direct and indirect effects of electronic
forums on local public action
SUMMARY
It is relatively exceptional that there is a clear and direct link
between
participative and deliberative devices and public decision. From then
on,
the question to know whether a recent tool - discussion forums
available on
municipal websites - influences local decision-making could lead at
once to
suggest a disappointing hypothesis : the forums would not have any
impact on
the decision of the local political authorities. We propose to
examine the
reality of such an assumption from observations of several discussion
forums
implemented by French town councils since 2002. First, we will evoke the
possible barriers to the linkage between electronic discussion and
public
decision, amongst them, for example, the reluctance of the elected
representatives to speak on forums and their obvious preference for
face-to-face meetings as a the result of their conceptualisation of
citizen
participation or the fact that citizens who participate in forums are
not
representative of the local population. Nevertheless, discussion
forums may
have some effects in the local public sphere. We will show that
sometimes a
forum can be a means of organizing collective actions against local
policies. Furthermore, the conjunction between the public nature of
proceedings, their written character and their permanency may allow for
revitalisation of the link between public opinion and the ancient
idea of
the supervision of the representatives by the citizens. Could this
specific
characteristic of the electronic forum, partially, influence public
action
by compelling the elected representatives to be effectively in
adequacy with
the comments which they would publicly have held on the forum of
their city
?
Stéphanie Wojcik, docteur en Science politique, est assistante de
recherche
FNSP-CEVIPOF pour le réseau d’excellence européen DEMO-net sur la
e-participation. Co-organisatrice du réseau de recherche « Démocratie
électronique » / GDR TICS-CNRS http://www.certop.fr/DEL « Les
modérateurs
des forums de discussion municipaux, des intermédiaires
démocratiques ? »,
Questions de communication, Presses Universitaires de Nancy (à
paraître). «
Local Electronic Forums : a few characteristics of a discursive
political
space and its links to the democratic deliberation”, EGOV PhD Colloquium
supported by DEMO-net, Krakow (Poland), 3-4 September, 2006, 14 p. «
Registres et ressorts de la prise de parole sur Internet », Actes du
colloque Démocratie participative en Europe, LERASS, Toulouse, novembre
2006, 329-335. « Les forums électroniques municipaux : un espace
délibératif
inédit », Hermès, 45, 2006, 177-182. « Les forums municipaux en ligne :
caractéristiques d’un espace politique discursif », in Loiseau G.,
Vedel T.,
Wojcik S., Démocratie et dispositifs électroniques : regards sur la
décision, la délibération et la médiation, Rapport de recherche CNRS,
mars
2006, 7-50. Délibération électronique et démocratie locale. Le cas des
forums municipaux des régions Aquitaine, Languedoc- Roussillon et
Midi-Pyrénées, Thèse pour le Doctorat de science politique, Université
Toulouse 1, novembre 2005. « Les forums électroniques municipaux,
espaces de
débat démocratique ? », Sciences de la Société, 60, 2003, 107-125. 15
Florence Brisset-Foucault (CRPS - Paris 1)
Négocier sa place dans un espace public en formation Les talk shows
interactifs comme vecteurs de légitimation au Kenya et en Ouganda
RESUME
Dans ces deux contextes post-autoritaires, les talk shows interactifs
sont
devenus des enjeux de lutte politique investis de manière contrastée
par les
journalistes, les dirigeants et les citoyens pour renégocier leur
rôle et
leur position dans l’espace politique. En analysant les codes de la
prise de
parole et de la mise en scène de ces émissions, on observe que les
journalistes forcent les dirigeants à renégocier leurs répertoires de
légitimation. En Ouganda, les talk shows viennent contester le modèle de
représentativité mis en place par un régime héritier de l’Ujamaa
tanzanienne
mais de plus en plus critiqué, en construisant ouvertement un modèle
alternatif de débat public. Au Kenya, les journalistes exploitent le
registre de la « normalité » démocratique pour mieux souligner les
dérives
du régime, et mettent en scène une « Nation » recomposée en
choisissant des
représentants de la société civile symbolisant le peuple kenyan, sur des
critères allant du sexe à la profession. Nous analyserons deux
moments où le
débat public s’est cristallisé sur ces espaces : lors de la tentative
de les
interdire en 2002 en Ouganda et lors de la campagne référendaire de
2005 au
Kenya, qui a vu une crispation autour des médias. Ces évènements
montrent
que les talk shows sont des vecteurs essentiels des revendications
corporatistes des journalistes en termes de liberté de la presse et de
redéfinition de leur statut dans l’espace public. La formation d’une
classe
politico-médiatique hybride nous permet d’interroger les
réappropriations de
ces espaces par les politiques. On en observe en effet plusieurs
types. Les
tentatives exogènes qui voient les dirigeants utiliser la liberté de la
presse comme caution démocratique. Mais surtout les tentatives
endogènes,
qui prennent deux formes : l’investissement de ces espaces par des
hommes
politiques qui en font une sorte d’identité politique ; l’accès de
membres
du public à des responsabilités politiques, via ces émissions. Ces
différents types de réappropriation seront interrogés afin de déterminer
s’ils relèvent du verrouillage politique ou de la diffusion d’un nouvel
outil démocratique dans ces espaces publics en mutation. Negotiating
one’s
position in a fluid public space Interactive talk shows as legitimating
tools in Kenya and Uganda
SUMMARY
In these two post-authoritarian contexts, interactive talk shows have
become
political struggles stakes which are differently invested by
journalists,
leaders and citizens to renegotiate their role and position in the
political
space. Analysing the rules of speech and the stagecraft in these
shows, we
can observe that journalists are forcing the political leaders to
renegotiate their legitimating repertories. In Uganda, talk shows are
made
to contest the model of popular representation set by the regime,
criticized
but inspired by the Tanzanian Ujamaa. The shows are openly building an
alternative model of public debate. In Kenya, journalists exploit the
register of democratic “normality”, to emphasize the abuses of the
regime,
and produce a representation of a reinvented Kenyan Nation, choosing
representatives of the civil 16 society as symbols of the Kenyan
society,
with criteria going from gender to religion and profession. We’ll
analyse
two moments when the public debate crystallised on these spaces :
when the
Ugandan government tried to ban then in 2002, and the political
campaign for
the 2005 referendum in Kenya, when the media suffered a lot of
criticism.
These events show that talk shows are essential conveyors of corporatist
demands by the journalists in terms of freedom of the press and
redefinition
of their status in the public space. The development of a hybrid
politico-mediatic class in both countries leads us to interrogate the
reappropriations of these spaces by the political leaders. There are
several
types of this phenomenon. The exogenous attempts that see the political
leaders use the freedom of the press as a democratic caution. But
above all
the endogenous attempts that take two shapes : the investment of these
spaces by political leaders who shape their political identity as
users of
the media ; the access of members of the public to political
responsibilities via these shows. These different types of re-
appropriation
will be analysed to see if they reveal a political muzzling or the
diffusion
of a new democratic tool in these mutating public spaces.
Florence Brisset-Foucault est doctorante en science politique à
l’Université
Paris 1, sous la direction de Jacques Gerstlé. Elle prépare une thèse
sur
les mises en scène du pluralisme et la prise de parole populaire dans
les
émissions interactives télévisées et radiophoniques au Kenya et en
Ouganda,
abordant le thème des mutations des espaces publics dans des contextes
post-autoritaires africains. Elle fait partie du projet ANR « Causes
africaines », qui étudie les porteurs de causes en Afrique et leur
intégration à l’international. Communications : « Une anti-chambre des
députés ? La prise de parole populaire dans les talk shows
radiophoniques en
Ouganda », dans le cadre de la journée d’étude « Journalisme et
démocratie,
un contre-pouvoir imaginaire ? », de l’Université Paris 8, septembre
2006. «
The media cause in Africa. Journalism deontology in the World Social
Forum
», AEGIS, Leiden, juillet 2007. « Les médias alternatifs africains au
Forum
social mondial de Nairobi : couvrir les luttes locales dans
l’extraversion
», 9e Congrès de l’AFSP, Toulouse, septembre 2007.
Lorenzo Barrault (CRPS - Paris 1)
Prise de parole citoyenne a priori improbable et différenciation des
rapports au politique : l’exemple d’une lettre de jeunes de milieux
populaires au Président de la République
RESUME
Pendant les « émeutes » de novembre 2005, des jeunes de milieux
populaires
scolarisés dans l’enseignement professionnel ont écrit une lettre au
contenu
explicitement politique au Président de la République. Certains
médias ont
relayé cette initiative et le Président leur a répondu. Cette
communication
revient sur les possibilités d’une telle interpellation du politique
et la
pluralité des rapports entretenus à cette lettre par ses présumés
auteurs.
Le travail empirique a consisté en entretiens approfondis avec nombre de
jeunes de cette classe, et en larges séquences d’observation
ethnographique
au lycée (classe...) et dans leur vie quotidienne. Une telle prise de
parole, peu commune en milieu populaire, n’a pu être menée que dans une
conjoncture particulière (celle des événements de novembre 2005) et
dans des
conditions relativement exceptionnelles (cadre scolaire, encadrement
d’un
enseignant militant). Le contexte concret de rédaction de cette
lettre a en
outre permis à certains de ces jeunes de se sentir légitimes et
habilités à
traiter de politique. L’idée même d’écrire au Président n’a pu
émerger que
par le biais d’un agent disposant de propriétés particulières. Il est en
outre possible de repérer différentes configurations de propriétés
engendrant des politisations différentielles et, par la même, différents
rapports à cette lettre parmi les élèves de cette classe. Pour certains,
cette initiative constituait un moyen de faire entendre certaines de
leurs
revendications politiques, alors que d’autres, plus favorisés (notamment
économiquement) au sein des catégories populaires, cherchaient plutôt
à se
distinguer socialement des émeutiers. Une minorité indifférente n’a
en outre
pas réellement pris part au projet et exclue toute modalité d’action
politique. Ces investissements différentiels dans leur initiative
renvoient
à différents types de rapports au politique. Cette recherche illustre
ainsi
certaines transformations plus générales des rapports des citoyens au
politique sans pour autant que l’on puisse parler de réelle remise en
cause
des mécanismes de délégation, donc de domination, propres à la
démocratie
représentative. Speech a priori improbable and differentiation of
relations
to politics : the example of a letter written to the President of the
Republic from young of popular classes
SUMMARY
During the riots of November 2005, young from popular classes
attending a
vocational school wrote a letter with a strong political dimension to
the
President of the Republic. Some media relayed this initiative and the
President responded. This paper brings up the possibility of such a
questioning of the politicians and the multiplicity of the developed
relations to this letter by their supposed writers. I carried out in-
depth
interviews with many young people from this class and through wide
ethnographical sequences of observation in the daily and school life
of the
young people. Such a speech, not very common among popular classes,
could
take place only in a particular situation (the events of November
2005) and
under relatively exceptional conditions (in class, with a militant
teacher).
The actual context of the drawing of the letter allowed, moreover,
some of
the 18 young people to feel legitimate and entitled to deal with
politics.
The idea itself of writing to the President could only emerge through an
agent with special characteristics. It is moreover possible to locate
various characteristics generating differential politicizations and,
also
the various relations to the letter among the pupils of the class.
For some
of them, this initiative represented an opportunity to make some of
their
political claims heard, whereas others, more privileged (mainly on an
economic basis) among the popular categories, were rather trying to
stand
out socially from the rioters. An indifferent minority did not really
get
involved in the project and excluded any form of political action. These
different investings in their initiative refer to various types of
relationships towards politics. This research thus illustrates some
overall
transformations of the relationship of "ordinary citizens" to politics,
without calling into question the mechanisms of delegation, therefore of
domination, of the representative democracy.
Lorenzo Barrault est allocataire moniteur en Science politique de
l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne. Membre du Centre de Recherche
Politique de la Sorbonne (CRPS), il prépare une thèse de doctorat sur
les
rapports des citoyens profanes à l’action publique sous la direction de
Daniel Gaxie. Il a notamment travaillé sur les journalistes
politiques (Les
journalistes parlementaires et leur association, Université Paris X
Nanterre, Mémoire de Master 1, 2005, 124 pages) et les rapports au
politique
(Les rapports au politique de jeunes des milieux populaires, Mémoire de
Master 2, Université Paris I Panthéon Sorbonne, 2006, 227 pages). Il
a fait
une communication sur l’entretien approfondi lors des journées
d’étude « Le
parcours d’un jeune chercheur en SIC » en avril 2007 (« L’entretien
approfondi comme technique d’enquête sur la réception des médias »),
et une
sur sa recherche de Master 2 lors du IIème Congrès International des
Associations Francophones de Science Politique en mai 2007 («
Différenciation des rapports au politique et pluralité des pratiques
participatives : l’exemple de jeunes de milieux populaires »).
________________________________________
APPEL A COMMUNICATIONS
JOURNEE D’ETUDE DE L’ECOLE DOCTORALE DE SCIENCE POLITIQUE DE
L’UNIVERSITE
PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE
Organisée par les doctorants de l’UFR 11 - Université Paris 1
Panthéon-Sorbonne
Vendredi 21 septembre 2007
Des discours aux effets de la communication en démocratie : Pratiques et
enjeux du politique
Routinisée dans un espace public « modernisé » (Gerstlé, 2004), la
communication est devenue un impératif du jeu politique, voire la clé du
succès, comme les campagnes pour les élections de 2007 l’illustrent. Dès
1996, le vice-président Al Gore confère à Internet des vertus de
démocratisation (responsabilité collective, apprentissage, etc.).
L’agenda
de Lisbonne de 2000 fait de la communication l’un des moteurs de la
construction européenne, tandis que l’ONU l’apparente à un droit
universel.
La communication apparaîtrait comme une condition essentielle au bon
fonctionnement de la démocratie : l’information serait diffusée plus
rapidement et plus largement, elle serait plus réactive et
didactique, et
elle permettrait au citoyen de participer de manière rationnelle et
éclairée
à la vie politique.
Cette vision est parfois conjuguée aux discours sur la crise de la
démocratie représentative, dont l’une des explications serait les
défauts de
communication entre les citoyens et les élus : mauvaise image du
personnel
politique, remise en cause de la représentation, manque de prise en
compte
des administrés dans les processus décisionnels, anomie politique des
citoyens, etc. Communication et démocratie semblent se confondre sur le
terrain des nouvelles technologies instituées en remèdes à tous les
maux, à
l’image du projet du MIT « one laptop per child » qui prétend réduire
la «
fracture numérique » de l’Afrique, et implicitement « la fracture
sociale ».
Néanmoins, le rôle, les usages et les effets de la communication sur
l’espace politique demeurent flous : espaces publics mosaïques (Neveu,
François, 1999), privatisation de l’espace du politique (Darras,
1994) et
publicisation de l’espace privé, spectacularisation de la vie politique
(Dayan et Katz, 1996, Blumler, 1995). Les effets de la communication
dans le
jeu politique, multiples et inhérents à la fragmentation et
l’hétérogénéité
de cet espace, invitent à la diversité des terrains d’enquête.
La prise en compte des processus de publicisation, de
production/diffusion/réception de l’information est nécessaire à
l’analyse
de la politisation, de la représentation, de la participation, c’est
pourquoi cette journée se propose de les étudier conjointement autour
des
questionnements suivants : quelles sont les conditions de production des
discours sur la communication et leurs effets sur les politiques ? Les
transformations de la communication politique renouvellent-elles les
règles
du jeu politique ? Dans quelle mesure favorisent-elles l’émergence de
nouveaux acteurs et de nouvelles pratiques politiques ?
Axe 1 : Les discours sur la « société de la communication »
Discutant : Erik Neveu (CRAPE, IEP de Rennes)
Autour des discours sur « la société de communication » se
cristallisent des
luttes, un répertoire spécifique qui est mobilisé pour légitimer,
justifier,
rationaliser le recours à la communication. Ingénieurs en
télécommunication,
journalistes, essayistes, experts participent à
l’institutionnalisation des
technologies de l’information et de la communication. Quelles logiques,
aussi bien d’acteurs, d’institutions que de situations, gouvernent à
l’énonciation de ces discours - voire de ces mythes - sur les
bienfaits et
les méfaits de la « société de la communication » ? Quels en sont les
fondements, les valeurs et les enjeux ?
Axe 2 : Les règles du champ politique reconfigurées par la
communication ?
Discutant : Jacques Gerstlé (CRPS, Paris I)
Les techniques de communication multiplient les lieux et les
ressources à la
disposition des acteurs politiques - responsables politiques, partis,
institutions, syndicats, associations - pour agir symboliquement ou non
(débattre, faire passer des idées, se construire une image, etc.).
L’arrivée
d’acteurs et des méthodes issus du secteur de la communication dans
le champ
politique a-t-elle une incidence sur les logiques de celui-ci ?
Comment les
pratiques traditionnelles et nouvelles s’articulent-elles et
influencent les
règles du jeu politique ? Par ailleurs, en période électorale ou
routinière,
n’y aurait-il pas un déplacement du débat du fond vers la forme ?
Axe 3 : Renouvellement des relations citoyens - politiques
Discutante : Brigitte Le Grignou (IRISES, Paris IX)
L’émergence d’une parole citoyenne, véhiculée notamment par les
nouvelles
technologies, constituerait une nouvelle donne du jeu politique. Le
recours
aux sondages, à la création de forums politiques, à l’utilisation
d’Internet, multiplie les lieux et moments de consultations. Ainsi voter
n’est plus la seule occasion pour les citoyens de s’exprimer. De
sorte que,
si les acteurs politiques sollicitaient traditionnellement l’avis des
citoyens, ces derniers prennent d’eux-mêmes la parole par le biais des
nouvelles technologies (blogs, etc.), occupant davantage les espaces du
débat. Les nouvelles technologies seraient des dispositifs qui
favoriseraient la démocratie délibérative, participative, au niveau
local
comme au niveau national. Pour autant, les citoyens pèsent-ils plus sur
l’agenda politique et le processus décisionnel ? N’y a-t-il pas
réappropriation par les politiques de ces prises de paroles pour
légitimer
leur propre position ? En filigrane, la société de communication
contribue-t-elle à modifier le partage du pouvoir ?
Comité scientifique :
Loïc Blondiaux (CERAPS, Lille II), Dominique Cardon (CEMS, EHESS), Eric
Darras (LaSSP, IEP de Toulouse), Sandrine Lévêque (CRPS, Paris I). Paul
Antropius (doctorant, CRPS, Paris I), Olivier Mauco (doctorant, CRPS,
Paris
I), Sébastien Poulain (doctorant, CRPS, Paris I), Cyrille Thiébaut
(doctorante, CRPS, Paris I), Ludivine Vanthournout (doctorante, CRPS,
Paris
I).