[Cpt] Cap Anamur - communicato inter-associativo 16/7/04

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Auteur: Isabelle Saint-Saens
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Sujet: [Cpt] Cap Anamur - communicato inter-associativo 16/7/04
cari amici,
10 associazioni francese hanno firmato questo communicato sul Cap Anamur.
Speriamo di avere pronto traduzione in italiano, inglese etc.

chronologia, communicati e analisi <http://pajol.eu.org/article569.html>

amitiés

Isabelle
PS : anyone going to Belgrado per PGA ?

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Dix organisations - Act Up-Paris, Cimade, Collectif de soutien des
exilés, Fasti, Gisti, LCR, Ligue des droits de l'homme, MRAP,
Syndicat de la magistrature, Union syndicale G10 - ont signé le
communiqué suivant (voir aussi ci-attaché) sur les dérives du "Cap
Anamur", le bateau allemand dont les passagers - demandeurs d'asile
soudanais - éprouvent les pires difficultés à solliciter protection
en Europe.
Aux yeux des organisations signataires, cette affaire semble, en
effet, symptomatique de la politique de l'asile dans l'Union
européenne.


communiqué
Paris, le 16 juillet 2004.

« Cap Anamur », cap au pire : l'Europe contre l'asile se fait sous nos yeux

Le 11 juillet 2004, le Cap Anamur, bateau d'une ONG allemande, est
autorisé « pour raisons humanitaires » à entrer dans le port de Porto
Empedocle (Sicile) : soit vingt jours après avoir sauvé
les 37 passagers (36 Soudanais du Darfour et 1 Ethiopien) d'un bateau
pneumatique en perdition dans les eaux internationales entre la Libye
et l'île de Lampedusa. Les autorités italiennes lui interdisaient
leurs eaux territoriales depuis le 1er juillet.

Les réfugiés sont transférés pour identification au CPT d'Agrigente
(l'un de ces non-lieux d'enfermement des étrangers) et risquent
l'expulsion ; le capitaine, l'officier en second et le président de
l'ONG sont arrêtés pour avoir « favorisé l'immigration illégale »
(art 12 de la loi Bossi-Fini). Le bateau est mis sous séquestre. La
police fait courir le bruit que les réfugiés sont ghanéens et non pas
soudanais, allégation immédiatement démentie par plusieurs religieux
présents à bord, et non moins immédiatement reprise par la télévision
italienne et certains médias européens, qui s'étaient jusque là
désintéressés de l'affaire.

Roberto Castelli, ministre de la Justice, déclare, dans une paranoïa
nationaliste somme toute en accord avec l'air du temps, qu'il est
facile de feindre l'urgence pour tester la capacité de résistance des
pays européens.

Par ce refoulement aux frontières maritimes, l'Italie a bafoué ses
obligations internationales (violation de la Convention de Genève,
principe de non-refoulement selon lequel quiconque se présente à une
frontière a droit de présenter une demande d'asile). Elle a aussi
tordu dans son sens le règlement Dublin II : afin de déterminer
l'Etat compétent pour l'examen de la demande d'asile, il aurait
d'abord fallu que la demande ait été déposée dans un Etat de l'UE.
Et, dans cet Etat - l'Italie -, le Parlement doit adopter une loi sur
l'asile qui n'est donc pas en vigueur. Il a ainsi délégué à la police
l'admission à la procédure d'asile des réfugiés contraints à
l'immigration clandestine.

L'Italie s'est ensuite livré à un obscène jeu de « patate chaude »
avec l'Allemagne et Malte (où le Cap Anamur s'était arrêté), chacun
se renvoyant la responsabilité, tandis que des vies étaient en péril
(matériel et psychologique) et que la Convention de Genève, la Charte
de Nice et la Constitution italienne étaient niées. C'est tout juste
si ces trois Etats membres de l'UE, avec le silence complice des
institutions européennes, ont consenti à évoquer l'« urgence
humanitaire », tout en précisant qu'il leur était impossible d'y
répondre sous peine d'instaurer un « dangereux précédent qui
ouvrirait la voie à de nombreux abus ». C'est dire assez que, dans
cette gestion policière qu'est devenue la politique d'asile, les
hommes et les femmes n'existent pas.

Le HCR, l'ONU et le Vatican s'étant tardivement émus, l'accostage fut
finalement autorisé en Sicile, ce qui permit à l'Allemagne de se
retirer du jeu en rejetant toute la responsabilité de l'accueil et de
l'examen de la demande d'asile sur l'Italie.

Le gouvernement italien utilise maintenant la doxa européenne,
assimilant à la criminalité organisée le fait de sauver des vies en
mer, et considérant les réfugiés comme des terroristes potentiels.

En Italie, les ONG, les associations, les activistes, la société
civile, présents dès le premier jour, ont lancé des appels, informé,
mobilisé, proposé la création de commissions ad hoc, et préparent un
recours auprès la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH).

C'est cette mobilisation et les droits des réfugiés et des migrants
que les associations et militants européens doivent soutenir et
relayer, en dénonçant à leur tour une politique européenne de déni du
droit qui, ne visant qu'à dissuader par la force les réfugiés,
transforme les frontières de l'UE en cimetières.