[Forumumbri] FW: [FSE-ESF] PEPPINO IMPASTATO et sa lutte con…

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Autore: forumumbri@inventati.org
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Oggetto: [Forumumbri] FW: [FSE-ESF] PEPPINO IMPASTATO et sa lutte contre la maffia
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Bellissimo che i francesi si ricordano dei nostri morti.......


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Date: Fri, 9 May 2003 05:02:16 +0200 (CEST)
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Subject: [FSE-ESF] PEPPINO IMPASTATO et sa lutte contre la maffia
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                    PEPPINO IMPASTATO et sa lutte contre la maffia                                                        
                    Souvenons-nous de Peppino Impastato, 25 ans après                    sa disparition 


                    de Francesco Barilli 
"Ecomancina" 


                    Le 9 mai 1978, l'Italie est secouée par un des évènements                    les plus dramatiques de son histoire. Le corps de Monsieur                    Aldo Moro (personnage pour le moins central de la vie politique                    italienne, à l'époque président de la Démocratie Chrétienne)                    est retrouvé à Rome, via Caetani, tué par les Brigades Rouges,                    après 55 jours de détention.


                    Face à une nouvelle aussi éclatante, tout autre évènement                    passe au second plan. Et c'est ainsi que bien peu s'aperçurent                    de la mort d'un jeune de trente ans dont les malheureux restes                    furent trouvés, dans la nuit du 8 au 9 mai, déchirés par                    une charge de T.N.T. déposée sur la voie ferrée entre Palerme                    et Trapani.


                    Ce jeune, c'était Giuseppe "Peppino" Impastato, né à Cinisi,                    le 5 janvier 1948, figure "dérangeante" du panorama politique                    de Cinisi (province de Palerme), engagé, depuis des années,                    en première ligne de la lutte contre les abus et les spéculations à caractère                    mafieux qui empoisonnaient la vie de son village. 


                    Dans un premier temps, les enquêtes allèrent dans le sens                    d'un attentat terroriste raté ou d'un suicide "exhibitionniste".                    Ce n'est que grâce au fort engagement de son frère Giovanni                    et de sa mère Félicia, de ses camarades de Radio Aut et du                    Centre Sicilien de Documentation (qui prit d'ailleurs, par                    la suite, le nom de Peppino Impastato) que l'on parvint lentement                    et avec beaucoup trop d'années de retard à la vérité.


                    Peppino fut tué par la mafia qui trouvait désormais intolérables                    les attaques du jeune homme contre l'organisation (qui,justement                    ces années-là, cherchait à développer ses activités de trafic                    en les adaptant à une réalité qui se transformait, en Sicile                    aussi, avec l'abandon d'un modèle économique strictement                    rural) et qui probablement trouvait inacceptable que Peppino                    puisse être élu au Conseil Municipal de Cinisi aux toutes                    prochaines élections (le 14 mai, Peppino fut élu symboliquement                    avec 264 voix d'avance et le parti "Démocratie Prolétaire",                    sur la liste duquel il s'était présenté, obtint 6% des voix à Cinisi).


                    Salvo Vitale (un des plus fidèles amis de Peppino, en plus                    d'être son camarade dans les expériences de lutte à travers                    la communication, de la diffusion de tracts aux "meetings",                    de la constitution du "Cercle musique et culture" au journal "L'idée")                    a écrit sur le site de radio Aut " Le fait que l'on n'ait                    pas retrouvé la moindre miette de sa tête fait penser qu'ils                    lui ont même enfoncé un bâton de dynamite dans la bouche,                    pour dire qu'il avait trop parlé".


                    Je n'ai pas été instruit à "lire" les signes mafieux mais                    je pense que d'autres facteurs que celui évoqué, à juste                    titre, par Savo déterminèrent la brutalité particulière de                    l'assassinat de Peppino. Pour les "étrangers", la mise en                    scène servait sûrement à porter sur une fausse piste, celle                    des hypothèses mentionnées ci-dessus d'attentat/ suicide.                    Pour ceux qui surent comprendre dés le début l'origine mafieuse                    de l'assassinat ce geste devait être aussi une incitation                    au silence, mais encore plus un avertissement: Peppino devait être                    non seulement tué, non seulement brutalisé, mais aussi effacé de                    la surface de la terre. Il fallait aller jusqu'à effacer                    les traces mêmes de son existence physique. Heureusement,                    cela ne se passa pas a!
insi et cet article, lui aussi, veut                    contribuer à maintenir en vie sa mémoire. 


                    La figure de Peppino Impastato


                    Engagé en première ligne, ai-je dit plus haut; mais il faut                    préciser que l'engagement de Peppino était une chose totalement                    nouvelle pour l'époque en ce qu'il savait conjuguer sa dimension                    personnelle et la dimension politique.


                    Il était physiquement menu mais doué d'une énorme énergie                    et d'une incroyable vivacité intellectuelle; un conflit émotif                    complexe entra probablement en jeu dans sa formation idéologique:                    sa rébellion était à la fois politique, générationnelle et                    familiale. Son père Luigi (figure douloureuse, tracée avec                    un grand art par Marco Tullio Giordana dans le film "I cento                    passi"; impliqué dans le milieu mafieux de Cinisi, il chercha, à sa                    façon, tant qu'il fut en vie,à protéger son fils des mesures                    de rétorsion mafieuses) avait été l'ami de Gaetano Badalamenti                    et une des sœurs de Luigi avait épousé Cesare Manzella,le                    boss tué en 1963; et, de façon plus générale, toute la famille                    Impastato avait dans son propre ADN de lourdes influences                    mafi!
euses.


                     Mais                    l'histoire de Peppino en est d'au tant plus importante: c'est                    l'histoire d'un homme qui a su défier la mafia, en commençant                    par celle qui se trouvait dans sa propre maison.


                    La rupture idéologique avec son père advint alors que Peppino était                    encore un tout jeune homme et dés 1968, il participa activement                    aux initiatives de la gauche alternative de l'époque. Il                    adhéra à la lutte des paysans qui s'étaient fait exproprier                    de leurs terres pour la construction de la troisième piste                    de l'aéroport, constitua le groupe "Musique et Culture" (1975)                    et, en 1976, fonda "Radio Aut" (expérience intéressante de                    radio libre, assez courante à l'époque, où se conjuguaient                    l'exigence de rupture culturelle et la recherche d'un mode                    nouveau – pour l'époque – de véhiculer l'engagement politique).                    Puis l'activité avec "Lotta Continua" et, comme on l'a dit,                    avec "Démocratie Prolétaire".


                    Pour en revenir à Radio Aut, un des programmes qui eut le                    plus de succès (et qui "ennuyait" le plus les cercles mafieux                    de Cinisi) était "Onda pazza" (onde folle), une sorte de                    flash hebdomadaire d'information, satirique, où Peppino et                    ses amis plongeaient la réalité de Cinisi dans une atmosphère                    qui frôlait l'absurde mais où les noms et les faits étaient                    bien reconnaissables, pour qui les connaissait;Gaetano Badalamenti                    devenait ainsi "Tano assis" et le maire Gero di Stefano devenait                    Geronimo Stefanini, grand chef de "Mafiopoli" (Cinisi, évidemment).                    Un des plus beaux et des plus forts moments de "I Cento Passi" met                    en scène Peppino qui, pour décocher ses flêches sur les "puissants" de                    Cinisi, adapte librement des passages de l'Enfer de Dante,      !
              tandis que le cinéaste nous montre les différentes réactions                    du public d'"Onda pazza": d'un côté, les gens amusés qui                    s'entassent dans les bars autour d'une petite radio, de l'autre                    côté les boss du village, écoutant avec la même attention                    mais dans un esprit bien différent, préoccupés par cette                    voix qu'il faut arrêter...


                    En consultant le site de Radio Aut, j'ai découvert que la                    parodie inspirée de l'Enfer de Dante avait été retransmise                    le 3 mars 1978. A partir de ce jour et jusqu'à sa mort, les émissions                    de "Onda pazza" furent une impressionnante progression de                    Peppino qui démolissait d'un éclat de rire (comme le voulait                    un vieux slogan, jadis patrimoine historique de la gauche)                    spéculateurs, administrateurs et personnages haut placés                    de Cinisi, sans épargner personne, avec pour seule arme,                    l'ironie lucide (une "arme" que Peppino fut le premier à utiliser                    contre la mafia). 


                    La figure de Peppino Impastato apparaît aujourd'hui d'une                    incroyable actualité, vingt- cinq ans aprés sa mort. Dans                    une période où tout était "politique", Peppino savait conjuguer                    l'engagement politico-social et une tension morale vers la                    construction d'un "monde nouveau", d'un "homme nouveau",                    d'une "nouvelle manière" de vivre et d'envisager l'engagement.                    Et, en cela, ses valeurs (à la fois politiques et transcendant                    la politique) me semblent pouvoir être rapprochées de celles                    de l'actuel "Mouvement" et l'on peut considérer sa figure                    comme celle d'un précurseur de certaines formes de lutte                    et de protestation.


                    Les enquêtes


                    Comme on l'a déjà dit plus haut, les enquêtes sur la mort                    de Peppino furent au début perverties par la tentative évidente                    de ne pas vouloir reconnaître l'origine mafieuse de l'assassinat.                    En 1984, grâce au travail du juge d'instruction Rocco Chinnici                    (tué en juillet 1983), le juge Antonio Caponnetto reconnut                    l'origine mafieuse de l'assassinat mais ne réussit pas à vérifier                    la culpabilité des exécuteurs ou des mandataires, attribuant                    l'acte à des inconnus. 


                    En 1994, le Centre Impastato demanda et obtint la réouverture                    de l'enquête. Cette demande fut soutenue non seulement par                    une pétition populaire mais aussi par un exposé de la mère                    et du frère de Peppino, Felicia Bartolotto et Giovanni Impastato                    (où ils demandent que l'on enquête également sur l'attitude                    des carabiniers immédiatement après les faits).


                    C'est une histoire typiquement italienne celle du procès                    Impastato, faite de silences coupables et d'orientations                    vers de fausses pistes, mais c'est au moins une histoire                    où la famille et les amis de la victime ont pu obtenir satisfaction:                    le 11 avril 2002, le boss mafieux Gaetano Badalamenti a été condamné à la                    détention à perpétuité, en tant que mandataire de l'assassinat.                    Auparavant avait été condamné Vito Palazzolo (disparu en                    2002), lui aussi comme mandataire. Et à l'occasion de ces                    sentences, la famille Impastato a également reçu la reconnaissance                    tardive du fait que les premières enquêtes avaient été perverties.                    Le juge assesseur Angelo Pellino écrivit en effet, dans la                    sentence de condamnation de Vito Palazzolo, que sur les enquêtes "pèse    !
                l'intolérable soupçon d'une orientation systématique vers                    de fausses pistes ou, en tout cas, d'une façon de les mener                    (ces enquêtes) pervertie par une déconcertante accumulation                    d'omissions, de négligences, de retards associés à des choix                    d'enquête préconçus qui en auraient altéré la direction et                    le développement".


                     Mais                    s'il est vrai que les années ont apporté quelques satisfactions                    tardives, il est vrai aussi que de nouvelles amertumes n'ont                    pas épargné la famille Impastato. Comme lorsque l'Administration                    Communale de Isnello (province de Palerme)fit enlever la                    plaque commémorative de la place dédiée à Peppino, apposée                    en 1998 (cette fois-là, plusieurs intellectuels italiens                    s'étaient manifestés pour protester ainsi que diverses personnes                    appartenant à des familles de victime de la mafia; j'en cite                    quelques uns dans le désordre: Rita Borsellino, Marta Fiore                    Borsellino, Nando Dalla Chiesa, Pina Maisano Grassi, Dario                    Fo et Franca Rame, Andrea Camilleri, Gillo Pontecorvo, Ettore                    Scola... et je m'excuse auprés de tous ceux, nombreux, que       !
             j'ai oublié de citer). Ou encore, quand, lors du récent procès à charge                    de Badalamenti et Palazzolo pour l'assassinat de Peppino,                    le collège de la défense dépoussiéra à nouveau la théorie                    de l'attentat terroriste comme cause de la mort...



                    Traduit par: Marie-Claude R. 
                    08.05.2003
                    Collectif Bellaciao 
                      http://www.bellaciao.org                    




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                   <img src="http://www.bellaciao.org/images/peppino1.jpg" hspace="5" vspace="5" border=0 align=right><br>
                    PEPPINO IMPASTATO et sa lutte contre la maffia
                    </span>
                  </center>
                  <div align="justify"><br>
                    <strong>Souvenons-nous de Peppino Impastato, 25 ans après
                    sa disparition</strong> <br>
                    <br>
                    de Francesco Barilli <br>
"Ecomancina" <br>
                    <br>
                    Le 9 mai 1978, l'Italie est secouée par un des évènements
                    les plus dramatiques de son histoire. Le corps de Monsieur
                    Aldo Moro (personnage pour le moins central de la vie politique
                    italienne, à l'époque président de la Démocratie Chrétienne)
                    est retrouvé à Rome, via Caetani, tué par les Brigades Rouges,
                    après 55 jours de détention.<br>
                    <br>
                    Face à une nouvelle aussi éclatante, tout autre évènement
                    passe au second plan. Et c'est ainsi que bien peu s'aperçurent
                    de la mort d'un jeune de trente ans dont les malheureux restes
                    furent trouvés, dans la nuit du 8 au 9 mai, déchirés par
                    une charge de T.N.T. déposée sur la voie ferrée entre Palerme
                    et Trapani.<br>
                    <br>
                    Ce jeune, c'était Giuseppe "Peppino" Impastato, né à Cinisi,
                    le 5 janvier 1948, figure "dérangeante" du panorama politique
                    de Cinisi (province de Palerme), engagé, depuis des années,
                    en première ligne de la lutte contre les abus et les spéculations à caractère
                    mafieux qui empoisonnaient la vie de son village. <br>
                    <br>
                    Dans un premier temps, les enquêtes allèrent dans le sens
                    d'un attentat terroriste raté ou d'un suicide "exhibitionniste".
                    Ce n'est que grâce au fort engagement de son frère Giovanni
                    et de sa mère Félicia, de ses camarades de Radio Aut et du
                    Centre Sicilien de Documentation (qui prit d'ailleurs, par
                    la suite, le nom de Peppino Impastato) que l'on parvint lentement
                    et avec beaucoup trop d'années de retard à la vérité.<br>
                    <br>
                    Peppino fut tué par la mafia qui trouvait désormais intolérables
                    les attaques du jeune homme contre l'organisation (qui,justement
                    ces années-là, cherchait à développer ses activités de trafic
                    en les adaptant à une réalité qui se transformait, en Sicile
                    aussi, avec l'abandon d'un modèle économique strictement
                    rural) et qui probablement trouvait inacceptable que Peppino
                    puisse être élu au Conseil Municipal de Cinisi aux toutes
                    prochaines élections (le 14 mai, Peppino fut élu symboliquement
                    avec 264 voix d'avance et le parti "Démocratie Prolétaire",
                    sur la liste duquel il s'était présenté, obtint 6% des voix à Cinisi).<br>
                    <br>
                    Salvo Vitale (un des plus fidèles amis de Peppino, en plus
                    d'être son camarade dans les expériences de lutte à travers
                    la communication, de la diffusion de tracts aux "meetings",
                    de la constitution du "Cercle musique et culture" au journal "L'idée")
                    a écrit sur le site de radio Aut " Le fait que l'on n'ait
                    pas retrouvé la moindre miette de sa tête fait penser qu'ils
                    lui ont même enfoncé un bâton de dynamite dans la bouche,
                    pour dire qu'il avait trop parlé".<br>
                    <br>
                    Je n'ai pas été instruit à "lire" les signes mafieux mais
                    je pense que d'autres facteurs que celui évoqué, à juste
                    titre, par Savo déterminèrent la brutalité particulière de
                    l'assassinat de Peppino. Pour les "étrangers", la mise en
                    scène servait sûrement à porter sur une fausse piste, celle
                    des hypothèses mentionnées ci-dessus d'attentat/ suicide.
                    Pour ceux qui surent comprendre dés le début l'origine mafieuse
                    de l'assassinat ce geste devait être aussi une incitation
                    au silence, mais encore plus un avertissement: Peppino devait être
                    non seulement tué, non seulement brutalisé, mais aussi effacé de
                    la surface de la terre. Il fallait aller jusqu'à effacer
                    les traces mêmes de son existence physique. Heureusement,
                    cela ne se passa pas ainsi et cet article, lui aussi, veut
                    contribuer à maintenir en vie sa mémoire. <br>
                    <br>
                    <strong>La figure de Peppino Impastato</strong><br>
                    <br>
                    Engagé en première ligne, ai-je dit plus haut; mais il faut
                    préciser que l'engagement de Peppino était une chose totalement
                    nouvelle pour l'époque en ce qu'il savait conjuguer sa dimension
                    personnelle et la dimension politique.<br>
                    <br>
                    Il était physiquement menu mais doué d'une énorme énergie
                    et d'une incroyable vivacité intellectuelle; un conflit émotif
                    complexe entra probablement en jeu dans sa formation idéologique:
                    sa rébellion était à la fois politique, générationnelle et
                    familiale. Son père Luigi (figure douloureuse, tracée avec
                    un grand art par Marco Tullio Giordana dans le film "I cento
                    passi"; impliqué dans le milieu mafieux de Cinisi, il chercha, à sa
                    façon, tant qu'il fut en vie,à protéger son fils des mesures
                    de rétorsion mafieuses) avait été l'ami de Gaetano Badalamenti
                    et une des sœurs de Luigi avait épousé Cesare Manzella,le
                    boss tué en 1963; et, de façon plus générale, toute la famille
                    Impastato avait dans son propre ADN de lourdes influences
                    mafieuses.<br>
                    <br>
                    <img src="http://www.bellaciao.org/images/peppino2.jpg" hspace="5" vspace="5" border=0 align=right> Mais
                    l'histoire de Peppino en est d'au tant plus importante: c'est
                    l'histoire d'un homme qui a su défier la mafia, en commençant
                    par celle qui se trouvait dans sa propre maison.<br>
                    <br>
                    La rupture idéologique avec son père advint alors que Peppino était
                    encore un tout jeune homme et dés 1968, il participa activement
                    aux initiatives de la gauche alternative de l'époque. Il
                    adhéra à la lutte des paysans qui s'étaient fait exproprier
                    de leurs terres pour la construction de la troisième piste
                    de l'aéroport, constitua le groupe "Musique et Culture" (1975)
                    et, en 1976, fonda "Radio Aut" (expérience intéressante de
                    radio libre, assez courante à l'époque, où se conjuguaient
                    l'exigence de rupture culturelle et la recherche d'un mode
                    nouveau – pour l'époque – de véhiculer l'engagement politique).
                    Puis l'activité avec "Lotta Continua" et, comme on l'a dit,
                    avec "Démocratie Prolétaire".<br>
                    <br>
                    Pour en revenir à Radio Aut, un des programmes qui eut le
                    plus de succès (et qui "ennuyait" le plus les cercles mafieux
                    de Cinisi) était "Onda pazza" (onde folle), une sorte de
                    flash hebdomadaire d'information, satirique, où Peppino et
                    ses amis plongeaient la réalité de Cinisi dans une atmosphère
                    qui frôlait l'absurde mais où les noms et les faits étaient
                    bien reconnaissables, pour qui les connaissait;Gaetano Badalamenti
                    devenait ainsi "Tano assis" et le maire Gero di Stefano devenait
                    Geronimo Stefanini, grand chef de "Mafiopoli" (Cinisi, évidemment).
                    Un des plus beaux et des plus forts moments de "I Cento Passi" met
                    en scène Peppino qui, pour décocher ses flêches sur les "puissants" de
                    Cinisi, adapte librement des passages de l'Enfer de Dante,
                    tandis que le cinéaste nous montre les différentes réactions
                    du public d'"Onda pazza": d'un côté, les gens amusés qui
                    s'entassent dans les bars autour d'une petite radio, de l'autre
                    côté les boss du village, écoutant avec la même attention
                    mais dans un esprit bien différent, préoccupés par cette
                    voix qu'il faut arrêter...<br>
                    <br>
                    En consultant le site de Radio Aut, j'ai découvert que la
                    parodie inspirée de l'Enfer de Dante avait été retransmise
                    le 3 mars 1978. A partir de ce jour et jusqu'à sa mort, les émissions
                    de "Onda pazza" furent une impressionnante progression de
                    Peppino qui démolissait d'un éclat de rire (comme le voulait
                    un vieux slogan, jadis patrimoine historique de la gauche)
                    spéculateurs, administrateurs et personnages haut placés
                    de Cinisi, sans épargner personne, avec pour seule arme,
                    l'ironie lucide (une "arme" que Peppino fut le premier à utiliser
                    contre la mafia). <br>
                    <br>
                    La figure de Peppino Impastato apparaît aujourd'hui d'une
                    incroyable actualité, vingt- cinq ans aprés sa mort. Dans
                    une période où tout était "politique", Peppino savait conjuguer
                    l'engagement politico-social et une tension morale vers la
                    construction d'un "monde nouveau", d'un "homme nouveau",
                    d'une "nouvelle manière" de vivre et d'envisager l'engagement.
                    Et, en cela, ses valeurs (à la fois politiques et transcendant
                    la politique) me semblent pouvoir être rapprochées de celles
                    de l'actuel "Mouvement" et l'on peut considérer sa figure
                    comme celle d'un précurseur de certaines formes de lutte
                    et de protestation.<br>
                    <br>
                    <strong>Les enquêtes</strong><br>
                    <br>
                    Comme on l'a déjà dit plus haut, les enquêtes sur la mort
                    de Peppino furent au début perverties par la tentative évidente
                    de ne pas vouloir reconnaître l'origine mafieuse de l'assassinat.
                    En 1984, grâce au travail du juge d'instruction Rocco Chinnici
                    (tué en juillet 1983), le juge Antonio Caponnetto reconnut
                    l'origine mafieuse de l'assassinat mais ne réussit pas à vérifier
                    la culpabilité des exécuteurs ou des mandataires, attribuant
                    l'acte à des inconnus. <br>
                    <br>
                    En 1994, le Centre Impastato demanda et obtint la réouverture
                    de l'enquête. Cette demande fut soutenue non seulement par
                    une pétition populaire mais aussi par un exposé de la mère
                    et du frère de Peppino, Felicia Bartolotto et Giovanni Impastato
                    (où ils demandent que l'on enquête également sur l'attitude
                    des carabiniers immédiatement après les faits).<br>
                    <br>
                    C'est une histoire typiquement italienne celle du procès
                    Impastato, faite de silences coupables et d'orientations
                    vers de fausses pistes, mais c'est au moins une histoire
                    où la famille et les amis de la victime ont pu obtenir satisfaction:
                    le 11 avril 2002, le boss mafieux Gaetano Badalamenti a été condamné à la
                    détention à perpétuité, en tant que mandataire de l'assassinat.
                    Auparavant avait été condamné Vito Palazzolo (disparu en
                    2002), lui aussi comme mandataire. Et à l'occasion de ces
                    sentences, la famille Impastato a également reçu la reconnaissance
                    tardive du fait que les premières enquêtes avaient été perverties.
                    Le juge assesseur Angelo Pellino écrivit en effet, dans la
                    sentence de condamnation de Vito Palazzolo, que sur les enquêtes "pèse
                    l'intolérable soupçon d'une orientation systématique vers
                    de fausses pistes ou, en tout cas, d'une façon de les mener
                    (ces enquêtes) pervertie par une déconcertante accumulation
                    d'omissions, de négligences, de retards associés à des choix
                    d'enquête préconçus qui en auraient altéré la direction et
                    le développement".<br>
                    <br>
                    <img src="http://www.bellaciao.org/images/peppino3.jpg" hspace="5" vspace="5" border=0 align=right> Mais
                    s'il est vrai que les années ont apporté quelques satisfactions
                    tardives, il est vrai aussi que de nouvelles amertumes n'ont
                    pas épargné la famille Impastato. Comme lorsque l'Administration
                    Communale de Isnello (province de Palerme)fit enlever la
                    plaque commémorative de la place dédiée à Peppino, apposée
                    en 1998 (cette fois-là, plusieurs intellectuels italiens
                    s'étaient manifestés pour protester ainsi que diverses personnes
                    appartenant à des familles de victime de la mafia; j'en cite
                    quelques uns dans le désordre: Rita Borsellino, Marta Fiore
                    Borsellino, Nando Dalla Chiesa, Pina Maisano Grassi, Dario
                    Fo et Franca Rame, Andrea Camilleri, Gillo Pontecorvo, Ettore
                    Scola... et je m'excuse auprés de tous ceux, nombreux, que
                    j'ai oublié de citer). Ou encore, quand, lors du récent procès à charge
                    de Badalamenti et Palazzolo pour l'assassinat de Peppino,
                    le collège de la défense dépoussiéra à nouveau la théorie
                    de l'attentat terroriste comme cause de la mort...<br>
                    <br>
                    <br>
                    Traduit par: Marie-Claude R. <br>
                    08.05.2003<br>
                    Collectif Bellaciao <br>
                      <img src="http://www.bellaciao.org/images/puce.gif" border=0><a href="http://www.bellaciao.org" target="_top">http://www.bellaciao.org</a>
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Lista para la preparacion del Foro Social Europeo - List to prepare the European Social Forum - Liste pour préparer le Forum Social Européen.

UNSUB: mailto:fse-esf-request@fse-esf.org?Subject=unsub
??? ~ !!! >>> webmaster@???



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