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>
> APPEL A COMMUNICATION
> Colloque
> Usages militants de la technique : technologies, medias, mobilisations
>
> Le colloque se tiendra en 2009, entre le 8 et le 16 mars
> (probablement les 12
> et 13 mars). Les dates définitives seront fixées ultérieurement
>
> Avec la Révolution française, on a pu considérer le télégraphe
> comme
> vecteur privilégié de lâinstauration dâune grande démocratie.
> Au XIXe,
> maintes utopies progressistes, tel le saint-simonisme, ont accordé
> une place
> importante à la technique dans lâavènement et l'esquisse des
> sociétés
> futures. Mais très tôt aussi, et jusquâà nos jours, une
> opposition sâest
> manifestée entre, dâune part, les tenants de « lâÅcuménisme
> communicationnel » [Mattelart], enthousiasmés par les nouveaux
> horizons
> ouverts par le progrès technique et, dâautre part, ceux qui
> voient dans un
> rationalisme techniciste basé sur le profit un obstacle Ã
> lâémancipation
> de lâhumanité. Par ailleurs, les débats ont porté et portent
> toujours sur
> la prétendue neutralité de la science et de ses applications
> technologiques.
> Certaines de ces analyses nâont pas été sans influence sur les
> évolutions
> des pratiques militantes, ou sur la structure des mouvements
> ouvriers et
> sociaux, qui, quelles quâaient été leurs résistances, se sont
> cependant
> adaptés aux nouveaux outils, quitte parfois à en détourner
> lâusage
> premier. Nous nous intéresserons ici tout particulièrement aux
> techniques de
> lâinformation et de la communication.
> Ce colloque se propose de sâinterroger sur la dialectique Ã
> lâÅuvre
> entre progrès technique et formes de lâengagement, entre
> appropriation des
> technologies et forme de lâaction collective. En dâautres
> termes, il se
> propose de comprendre comment et pourquoi les mouvements militants
> sâemparent de nouvelles techniques, en posant la question du rôle
> des
> dispositifs techniques dans les pratiques militantes et en
> interrogeant
> également les usages spécifiques que les militants peuvent en faire,
> contribuant peut-être à leur tour, quand ils ne les récusent pas,
> Ã les
> transformer. Ce colloque sâinscrit dans la longue durée, de la
> Révolution
> française à nos jours, ce qui permettra, nous lâespérons, de
> mettre en
> perspective les problématiques contemporaines liées Ã
> lâInternet et, le
> cas échéant, de relativiser lâimportance de la rupture que ce
> nouveau media
> a introduite.
> Lâapproche du colloque consiste à partir des usages et des
> pratiques. Il
> sâagit de sâinterroger sur les usages des techniques comme
> instruments de
> communication et de diffusion par les mouvements sociaux ou les
> organisations
> militantes, de prendre en compte le rôle quâa pu avoir la
> technique dans
> la genèse et la forme des mouvements. Mais il ne faudra pas oublier
> non plus
> les cas où elle devient enjeu de la mobilisation, objet même de la
> pratique
> militante. En effet, il y a différents niveaux dâinvestissement
> militant
> dans la technique : usage usuel des dispositifs, usage subversif et/ou
> détourné, expérimentation et inventivité dans lâordre technique
> lui-mêmeâ¦
> La technique, instrument de communication et diffusion
> Plus concrètement, le télégraphe, les nouveaux procédés
> dâimprimerie,
> lâintroduction de la Ronéo, de la photocopieuse, le téléphone
> bien sûr et
> plus récemment la caméra, lâémetteur radio, le fax, le mobile,
> voir
> brièvement le Minitel et bien entendu Internet nâont pas été sans
> conséquence sur les pratiques militantes. Quâaurait été la
> Révolution
> française sans le télégraphe, qui a pu jouer le rôle que lâon
> sait dans
> lâarrestation du roi et dans les liaisons entre la capitale et les
> représentants en mission ? Pour prendre un autre exemple célèbre,
> cette fois
> contemporain, le sous-commandant Marcos et le mouvement zapatiste
> ont obtenu
> une notoriété mondiale grâce à lâusage précoce quâils
> firent de
> lâInternet. Les militants ont toujours utilisé les techniques Ã
> leur
> disposition pour leurs luttes. Cette utilisation a-t-elle en retour
> transformé
> les luttes, a-t-elle joué un rôle dans lâévolution des
> structures des
> mouvements (voir la problématique classique du journal comme «
> organisateur
> collectif »), a-t-elle cristallisé des hiérarchies ou au
> contraire permis la
> création dâespaces de dissidence ? Quel impact la technique a-t-
> elle eu sur
> lâavènement, après lâère de la propagande, de celle de la
> communication
> ? La CGT des années 1960-1970, par exemple, forte dâune
> expérience déjÃ
> ancienne et des ressources offertes par son ancrage chez les
> techniciens du son
> et de lâimage, renouvelle la gamme de ses moyens dâexpression de
> masse et
> explore la plupart des voies alors disponibles. La CFDT et ses
> intellectuels «
> organiques » théorisent, à la fin des années 60, le rôle
> possible de
> lâordinateur dans les pratiques autogestionnaires. Dans les
> années 86-88,
> des coordinations ont largement fait usage du fax et du Minitel (le
> Minitel
> Alter), alors que les radios libres et/ou de lutte ont permis à des
> grévistes
> ou autres acteurs du mouvement social de sâexprimer.
> La technique comme enjeu et mode dâaction - La technique, objet du
> politique
> Les technologies de communication et de production dâinformation
> sont aussi
> parfois lâenjeu même de la mobilisation. Si, la plupart du temps,
> il ne
> sâagit que de se servir des techniques et non dâagir sur elles,
> quand bien
> même leurs usages ouvrent la voie à des transformations de fait,
> il y a des
> cas de figure où la technique devient lâobjet de lâengagement
> politique.
> On pourrait dire, avec Simondon, que lâon contribue, en
> sâappropriant et
> transformant les dispositifs techniques, à lâavènement dâune
> culture
> technique universelle, qui ne serait plus source dâaliénation. Les
> expérimentations dans le domaine de la radio, dans le domaine du
> logiciel
> libre, les expériences liées au Peer To Peer, diverses pratiques «
> hacktivistes » ne peuvent-elles pas être considérées comme
> intrinsèquement
> politiques ? Ou dans un autre ordre, certains opposants aux procédés
> biométriques ne sâen prennent-ils pas, non aux techniques mais
> aux usages
> sécuritaires quâen font les pouvoirs ? Les pouvoirs ou forces de
> lâordre
> nâont pas manqué dâagir ou réagir en affinant leurs propres
> techniques de
> contrôle et/ou de répression, participant ainsi de cette
> dialectique de
> lâusage. Il nous appartiendra, en lâinscrivant dans la durée,
> dâen
> produire lâanalyse, en partant de lâhypothèse que la technique
> nâexiste
> pas en dehors des usages sociaux qui en sont faits.
>
>
> Ce colloque est ouvert à toutes les disciplines des sciences
> sociales.
>
> Les projets de communication, qui ne devront pas dépasser 2 500
> signes, sont
> à envoyer à lâadresse mail suivante : fblum@??? avant
> le 15 juin
> 2008.
>
> Comité scientifique et de coordination : Françoise Blum (Centre
> dâhistoire
> sociale du XXe siècle), Christian Chevandier (Centre dâhistoire
> sociale du
> XXe siècle ), Geneviève Dreyfus-Armand (Bibliothèque de
> documentation
> internationale contemporaine), Franck Georgi (Centre dâhistoire du
> XXe
> siècle), Fabien Granjon (Centre dâétudes sur les medias, les
> technologies
> et lâinternationalisation, Université Paris VIII), Sylvie Le
> Dantec(Centre
> dâhistoire sociale du XXe siècle), Isabelle Sommier (Centre de
> recherches
> politiques de la Sorbonne), Danielle Tartakowsky (Histoire des
> pouvoirs,
> savoirs et sociétés, Université Paris VIII), Rossana Vaccaro
> (Centre
> dâhistoire sociale du XXe siècle), Franck Veyron (Bibliothèque
> internationale contemporaine), Michel Pigenet (Centre dâhistoire
> sociale du
> XXe siècle).
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